Le téléphérique : des débats inattendus, des effets sociaux imprévus ?
La mise en œuvre du système de transport par câble "Mi Teleferico" produit des effets sociaux imprévus qui ont surgi après la construction de ce moyen de transport. Le 14 Juillet 2014, Evo Morales a annoncé la construction de la deuxième phase de "Mi Teleferico" qui viendrait compléter avec 6 nouvelles lignes les 3 lignes déjà construites entre 2014 et 2015. Il est prévu que le la construction de la deuxième phase de ce moyen de transport soit achevée en 2018.
Le projet de la ligne blanche de téléphérique vise à traverser le quartier résidentiel traditionnel de Miraflores situé au sud-est du centre-ville de La Paz. Le quartier de Miraflores a été créé en 1928, avec le projet de l'architecte Emilio Villanueva Peñaranda qui conçoit ce quartier en lien avec le concept de "Quartier Jardin" où les parcs et les places jouent un rôle essentiel. Depuis sa création jusqu'à aujourd'hui, les résidents de Miraflores ont développé un fort sentiment d'identité et de d’identification à ce quartier. À Miraflores on trouve de nombreux espaces intéressants et historiques, y compris le Jardin botanique, le petit Big Ben, La Place archéologique, le stade Hernando Siles, Le Musée de la Révolution ainsi que des monuments nationaux, comme celui du président German Busch et celui du général Jose de San Martin. Miraflores est aussi le quartier où la plupart des hôpitaux et centres de santé majeurs dans la ville de La Paz sont concentrés, y compris l'Hôpital des femmes, Hôpital du thorax et l'Hôpital General, en plus de la Faculté de Médecine de l’UMSA. Enfin, on y trouve le Commandement général des Forces Armées.
Les voisins de Miraflores se sont opposés à la construction de la ligne blanche du téléphérique en créant un important débat entre les conseils de quartier, la société d'État "Mi Teleferico" dirigé par César Dockweiler et la mairie de La Paz avec le maire Luis Revilla. Cinq points clés ont provoqué le débat sur la ligne blanche: les dommages pour le paysage urbain, la destruction du patrimoine, des doutes quant à l'utilité du téléphérique, l'invasion de la vie privée des maisons et l’abattage d’arbres (Déforestation). Ces points sont les axes de tension entre les conseils de quartiers de Miraflores et « Mi Teleferico ».
Dans le premier cas, Armando Aguilar, voisin et membre de l’Ecole d’Architectes de La Paz, a déclaré que les dommages au paysage urbain seront grands. "Imaginez deux tours de 35 mètres (le long de l'avenue Busch). Leurs bases de béton sont déjà une attaque sur l'axe visuel de ce qui a été jadis imaginé par les créateurs de ce quartier il y a plus de 90 ans ".
Le chef de « Mi Teleferico », César Dockweiler, a déclaré à plusieurs reprises que pour l'installation de 16 pilonnes sur l'Avenue Busch, qui compte environ 6.000 mètres carrés m2, l’entreprise de construction Doppelmayr utilisera seulement 100 m2, représentant 1,67% de la surface de cette Avenue.
Dans le deuxième cas, Aguilar a déclaré que le téléphérique ne sera pas utile pour le quartier. "Le but de ce type de transport est de surmonter la topographie. Pour les habitants de El Alto c’est une solution, car il y a le problème de l'altitude, mais pour l’avenue Busch, aucun ". En outre, les dirigeants du secteur des transports ont expliqué que le quartier dispose du transport public traditionnel.
Un dirigeant des chauffeurs a déclaré que le téléphérique gère le concept de réseau. C’est-à-dire que "Si je ne veux pas le téléphérique à Miraflores, cela aura une incidence sur les habitants de Rio Seco a El Alto, qui prendront la Ligne bleue pour rejoindre la ligne rouge, ensuite prendre la ligne orange pour ainsi prendre la ligne blanche dans le cas de où ces habitants se dirigent vers les hôpitaux de Miraflores »
Dans le troisième point, Walter Hoz de Vila, résident de ce quartier, a déclaré que le patrimoine historique des places Villarroel où l’on trouve le Musée de La Révolution Nationale de 1952, le monument au président Busch, la place San Martin et de l'avenue, thématiquement consacrée à commémorer les héros de la guerre du Chaco, seront touchés.
"Ici seront mises en face du monument un énorme bâtiment pour les cabines qui cacheront le monument à San Martin". Dockweiler a signalé que la place Villarroel et le Musée de la Place de la Révolution seront réorganisés, remodelés et il s’engage à signer un document dans lequel il accepte de ne pas toucher le patrimoine.
En outre, dans le quatrième point Francisco Bedregal a déclaré qu’avec l'installation de cabines les bâtiments et les maisons voisines seront exposés. "Lors du passage des cabines la vie privée des maisons et des départements n’existera plus". Le directeur de « Mi Teleferico » a dit que ce n’est pas la première fois qu’il ‘entend cet argument et affirme, que comme les cabines sont en mouvement constamment il n’y a aucune possibilité que les passagers observent attentivement ce que font les habitants des maisons.
Cinquièmement, Aguilar, spécialisée dans l'aménagement paysager, a déclaré que dans l’avenue Busch il y a des Platanes qui nécessitent environ 40 ans pour atteindre leur plénitude. Antonio Cabrejos, président du Conseil des Quartiers, a rappelé que beaucoup de ces arbres sont vieillis de plusieurs décennies. "Mi Teleferico" a annoncé qu'il coupera 13 arbres et en plantera 200.
Le Lundi 1er Juin, a commencé la construction de la ligne blanche à la Place Villarroel. Jusque-là, c’était juste un simple projet de ligne, qui maintenant est devenu réel. Les voisins de Miraflores ont fait appel au maire de La Paz pour mettre en place des solutions et de dialogue avec "Mi Teleferico".
Le 26 Juin une réunion a été fixée entre "Mi Teleferico", la Mairie et le ministère des Travaux publics pour le traitement du tracé de la ligne blanche. Le maire a proposé de placer le point de départ non pas à la place Villarroel, mais un peu plus haut, avec une voie intermédiaire qui relie les banlieues de Villa Copacabana, Villa San Antonio et Villa Harmonía.
Pour César Dockweiler il est essentiel que la ligne blanche entre dans le cœur de Miraflores, puisque Miraflores abrite les principaux centres de santé de la ville. Il a signalé que pendant le mois d’août 2014, l’entreprise autrichienne de construction du projet Doppelmayr a rejeté le tracé de la ligne blanche vers les banlieues de l’est de la ville. Le Président de Doppelmayr, Igansi Gilbert a expliqué qu'il a détecté un problème géotechnique au niveau la banlieue orientale de La Paz, empêchant la construction dans cette zone. En outre, le maire fait valoir que la carte des risques mises à jour en 2013 ne détecte aucun problème géotechnique dans les banlieues. Dockweiler affirme que le tracé de la ligne blanche par les banlieues n’est pas techniquement sûr en plus du coût important qui représente détourner cette ligne par la banlieue.